1748-04-24, de Voltaire [François Marie Arouet] à Frans Arnold Adriaan Jan van Hoensbroeck, markies van Hoensbroeck.

Monsieur,

J'ay reçu la lettre dont vous m'avez honoré dattée de Ruremonde 20 avril.
Je conçois vos peines. Mais je vous supplie au nom de la probité et de l'honneur qui sont les principes de votre conduitte d'avoir aussi égard aux peines cruelles que vous me causez. Je me suis rendu caution envers les créanciers de M. le marquis du Chastellet. On m'accable d'assignations. D'un autre côté j'essuie mille reproches. Voylà mon état. Soufrirez vous monsieur que j'aye une récompense si triste de tous mes soins? faites un effort je vous en conjure. Voylà une occasion de Déployer les sentiments généreux dont je sçais que vous faites profession. J'attends cet effort monsieur d'une âme telle que La vôtre. La paix qui est sûre, doit vous faire trouver des facilitez, et vous en trouverez surtout dans la noblesse avec la quelle vous pensez. Vous ne soufrirez pas qu'un homme qui vous a servi soit accablé.

J'ay l'honneur d'être avec le même zèle, et les mêmes sentiments

monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire