1746-05-31, de Antoine Louis de Chalamond de La Visclède à Voltaire [François Marie Arouet].

L'Académie me charge, monsieur, de vous présenter, de sa part, ces deux recueils.
Elle sent bien que la plupart des ouvrages qu'ils contiennent, ont besoin de votre indulgence, pour paraître devant vous. Mais vous savez que les académies, heureuses d'avoir des ouvrages raisonnables à couronner, ne le sont pas toujours assez, pour en trouver d'excellents; et il n'y aurait que ceux de ce dernier genre, qui méritassent votre attention. Notre compagnie, toujours convaincue des dangers de l'impression, et peut-être, un peu trop timide sur cet article, est dans l'usage de ne joindre aucun des ouvrages de ses membres, à ceux qui concourent pour le prix, à l'exception du discours du directeur, qu'on imprime, depuis quelques années. Agréez, monsieur, que je vous demande des yeux de confrère, pour celui de l'année dernière; vous y trouverez quelques traits relatifs à un misérable libelle qui venait de paraître contre l'académie. C'est un inconvénient auquel les compagnies littéraires sont exposées, et dont elles ont lieu de se consoler, parce qu'il leur est commun avec tous les génies du premier ordre d'une nation. C'est un privilège de l'envie, et un hommage forcé qu'elle rend à tout ce qui est supérieur.

La compagnie profite, avec grand plaisir, de cette occasion, pour vous renouveler les assurances de son véritable attachement, et du vif intérêt qu'elle prendra toujours à votre gloire. J'ai l'honneur d'être avec les sentiments qui vous sont dus, monsieur, votre très humble, etc.