[c. 1 November 1745]
Je n'ay pas osé troubler mon héros, il faut le chanter, et ne le pas importuner.
S'il part, on luy prépare des lauriers, s'il ne part point, on luy prépare des plaisirs. Il est toujours sûr d'avoir des anglaises, ou des françaises à son service, et quelque chose qui arrive, il aura l'honneur d'avoir entrepris l'expédition la plus glorieuse du monde, et assurément contre vent et marée. Conservez monseigneur Le duc une vie si illustre, et si chère. Ou je vous attendrai dans peu, ou j'iray vous faire ma cour à Londres. Je vous verray faisant un roy et rendant le vôtre l'arbitre de L'Europe. Tout cela seroit fait si on avoit pu partir le vingt cinq. Voylà à quoy tiennent les destinées des empires! Mais la vôtre sera toujours d'être l'homme de votre siècle le plus brillant, la mienne sera d'être si je le peux l'Homere de cet Achille qui a quitté Briseis pour aller renverser un trône. Triomphez, vivez et honorez moy quelquefois d'un regard dans la foule de vos admirateurs.
V.