1745-01-15, de Michel Linant à Pierre Robert Le Cornier de Cideville.

Monsieur,

Je vous envoye des vers sur le roy.
C'est comme on dit de la moutarde après diné. Le chancelier et le lieutenant de police qui sont des grands politiques en ont retardé l'impression sous prétexte que j'y maltraitois un peu le père de la Reine d'Hongrie. Nous battons nos ennemis, ont ils dit, mais nous n'en disons point de mal. Je veux bien convenir de cette dernière proposition mais pour l'autre je la nie. Pour en revenir à mon poëme, je l'ay travaillé avec beaucoup de soin et de toutes Les drogues que j'ay faites c'est, je croy, ce que j'ay fait de mieux. Mr de Voltaire en a été fort content et s'est chargé de l'envoyer à mr de Maurepas pour l'engager à le lire au roy. Nous n'avons point encor la réponse. Je l'attens sans impatience; je n'attens pas de même celle du public et la vôtre. Dites moy je vous suplie si vous conservés toujours quelques bontés pour moy. Je n'oublieray jamais les obligations que je vous ay et votre souvenir me sera toujours bien cher.

J'ay l'honneur d'estre

avec tout la reconnoissance et l'attachement possible

Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Mon adresse est toujours à l'académie de Vendeuil, prés st Sulpice.

Linant

Voulez vous bien avoir la bonté de faire tenir à l'abbé Fontaine un exemplaire du poëme?