1744-04-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues.

Aimable créature, beau génie, j'ay lu votre premier manuscrit, et j'y ay admiré cette hauteur d'une grande âme qui s'élève si fort au dessus des petits brillants des Isocrates.
Si vous étiez né quelques années plutôt mes ouvrages en vaudroient mieux. Mais au moins sur la fin de ma carrière, vous m'affermissez dans la route que vous suivez. Le grand, le pathétique, le sentiment, voylà mes premiers maîtres. Vous êtes le dernier. Je vais vous lire encore. Je vous remercie tendrement. Vous êtes la plus douce de mes consolations dans les maux qui m'accablent.