13 juillet 1742
Madame, j'ai appris avec la plus vive douleur qu'il court de moi une lettre au roi de Prusse, dont toutes les expressions sont falsifiées.
Si je l'avais écrite telle que l'on a la cruauté de la publier, et telle qu'elle est parvenue, dit on, entre vos mains, je mériterais votre indignation.
Mais si vous saviez, madame, quelle est depuis six ans la nature de mon commerce avec le roi de Prusse, ce qu'il m'écrivit avant cette lettre, et dans quelles circonstances j'ai fait ma réponse, vous ne seriez véritablement indignée que de l'injustice que j'essuie, et je serais aussi sûr de votre protection que vous l'êtes d'être aimée et estimée de tout le monde.
Il ne m'appartient pas de vous fatiguer de détails au sujet de cette lettre que je n'ai jamais montrée à personne, et au sujet de toutes celles du roi de Prusse, dont je n'ai jamais abusé.
Si je pouvais un jour, madame, avoir l'honneur de vous entretenir un quart d'heure, vous verriez en moi un bon citoyen, un homme attaché à son roi et à sa patrie, qui a résisté à tout, dans l'espoir de vivre en France; un homme qui ne connaît que l'amitié, la société et le repos. Il veut vous devoir ce repos, madame; la France lui est plus chère depuis qu'il a eu l'honneur de vous faire un moment sa cour, et ses sentiments méritent votre protection. J'ai l'honneur, etc.