à Bruxelles ce 20 février 1741
Je suis obligé monsieur d'avoir recours à vous, pour vous suplier de contribuer de vos soins à guérir une maladie, bien honteuse et bien funeste aux hommes.
Le sr Ricof fils, libraire, imprime un journal intitulé Magazin dont je ne me plaindrois pas s'il n'y avoit que moy qui y fûs déchiré, mais on y outrage des personnes respectables. Ce libraire est celuy qui imprime la gazette dont je crois que Monsieur votre neveu est propriétaire. Je suis persuadé monsieur que dès qu'un homme qui porte votre nom saura que son libraire au lieu de s'en tenir à cette gazette sage que ce nom a toujours fait estimer, en imprime une scandaleuse, il se servira de son crédit pour arrêter le cours de cette indignité. Je vous suplie Monsieur de vouloir bien luy en parler. C'est un service que vous rendrez à tous les honnêtes gens. Mais personne n'y sera plus sensible que les personnes au nom des quelles j'ay l'honneur de vous écrire, et que moy monsieur qui suis attaché à votre famille depuis si longtemps. J'ay l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois,
Monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire