1740-01-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Claude Adrien Helvétius.

Je vous salue au nom d'Apollon, et je vous embrasse au nom de l'amitié.
Voicy L'ode de la superstition que vous demandiez, et l'opéra dont nous avons parlé. Quand vous aurez lu l'opéra mon cher amy envoyez le à mr de Pondeveile, porte st Honoré. Mais pour dieu envoyez moy de meilleures étrennes. Je n'ay jamais tant travaillé que ce dernier mois, j'ay la tête fendue. Guérissez moy par quelque belle épître. Adieu les vers cet hiver, je n'en feray point; la phisique est de quartier; mais vos lettres, votre souvenir, votre amitié, vos vers seront pour moy de service toute l'année. Avez vous vu ce recueil qu'avoit fait Praut? Pourquoy le saisir? Quelle barbarie! sui-je né sous les gots et sous les vandales? Je méprise la tirannie autant que la calomnie. Je suis heureux avec Emilie, votre amitié et L'étude. Vous L'avez bien dit, l'étude console de tout. Je vous embrasse mille fois.

V.