[c. 17 March 1739]
Voicy mon cher abbé mon certificat de vie pour toucher ma pension viagère sur la ville de l'année 1738.
Vous me mandez que vous avez fait recette depuis le mois de septembre de 31586; et que vous avez déboursé 14410lt. Donc dites vous, il vous reste 21500lt. Ce donc là me parait peu aritmétique, car avec un donc, il ne doit rester que 17174, mais aparement qu'il ressort 4326lt au mois de septembre. Peu importe. C'est ce qu'on possède qui importe. Je voudrais bien que mr de Leseau nous donnast une bonne délégation sur l'un de ses fermiers afin qu'on ne fût plus obligé de luy faire la cour pour le faire payer.
A l'égard des autres rentes échues, elles viendront petit à petit. Il y a un mr de Goebriant qui me néglige terriblement. Il me doit bientôt 9 années; cela est fort.
J'enverray la décharge à mr votre frère quand vous voudrez et de la façon que vous voudrez. Mais comment voulez vous que n'étant chargé de rien et ayant seulement prêté son nom, il soit tenu de quelque chose? Ny vous ny luy ne pouvez être recherchez. Vos livres ne font ils pas foy? Comment d'ailleurs voulez vous que je le décharge d'un argent qu'il n'a pas donné? Voyez cependant, et dictez moy cette décharge qui me paraît une pièce hors d'œuvre puisque ou il a reçu et recevra encor, et en ce cas votre livre suffit, ou il n'a point reçu et ne recevra point, et en ce cas, il n'a point de décharge à demander. Je crois donc qu'il vaut mieux qu'il ait un billet par lequel je déclarerai que quoy qu'il ait ma procuration cependant il n'est que votre prête nom; que vous voulez bien avoir la bonté de conduire mes petites affaires; et que je m'en raporte uniquement à vos livres, ou à votre parole au défaut de vos livres, priant mes héritiers de s'en raporter uniquement à votre parole. C'est ce que j'ay déjà bien expressément établi dans mon testament, et ce que je vous enverray signé quand vous voudrez.
Une partie de l'argent que nous avons servira à notre voiage qui se prépare, l'autre à acheter des meubles pour le palais Lambert que nous achèterons dans quelques années. Ainsi quand vous trouverez quelque employ qui vous plaira, vous pourez avertir votre amy et votre serviteur V. qui vous aime tendrement.
Mr le marquis du Chastelet me mande toujours qu'il va finir mon affaire avec Desf., mais elle ne finit point; ne perdons point nos preuves.
Donnez donc encor 100lt au chevalier, mais dites luy que c'est tout ce que vous avez, et demandez luy bien pardon du peu. Après tout cela luy fera plaisir.
200lt à Praut je vous en conjure et pour 20000lt de compliments. Je vous embrasse.