1739-03-13, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Mon cher ami, Heluetius m'aprend dans ce moment qu'une Epitre sur le plaisir et vne sur l'home paroissent.
Come on ne sait dans ce bienheureux payis cy si l'on est digne d'amour ou de haine, ie v͞s prie de me mander ce que l'on en dit. P͞r moi ie ne crois pas qu'on puisse en rien dire, mais mon cher ami v͞s conoissés ma sensibilité et mes frayeurs. Heluetius prétend qu'on les imprime, ie ne sais si elles sont de votre ami, Heluetius dit qu'on les lui attribuë. Ie ne veux ni craindre, ni me rassurer que sur ce que v͞s me manderés mais ayés pitié de mon incertitude et ne la faites pas durer longtems. Un mot de v͞s m'est nécessaire p͞r ne me pas tourmenter. Mr Heraut a t'il reçu notre lettre en bien? dites n͞s tout ce qu'il faut n͞s dire, p͞r que n͞s soyons tranquilles. C'est m͞e Daiguilon qui a doné les Epitres. J'aprens que le fat puni, a ranimé Mahomet prêt à mourir.

Votre ami baise vos ailes.

Enuoyés chercher ce Moussinot, défendés lui de présenter requête au lieutenant criminel, cette idée tourne la tête de notre ami mais cela perdroit tout. Il faut bien s'en garder, ie crains les ordres secrets.