ce 7 mars [1739] à Cirey
Thalie qui gouvernez Melpomêne, parmy les Mahomets, les Warvik et les Alemides, ce que vous savez trouvera t'il sa place?
Vous en aviez vu l'ébauche, je l'envoye avec quelques coups de pinceau qui sont le fruit de vos judicieux conseils. Il m'est venu de si terriblement baux sujets dans la tête que j'ay peur de ne plus rien faire que des pièces de téâtre. De façon ou d'autre, je suis à vous mademoiselle ou comme admirateur, ou comme auteur.
J'ay l'honneur de vous avertir qu'un grand jeune homme bien fait qui idolâtre la comédie, et qui voudroit mériter d'aprocher de vous, est venu exprès me trouver à Cirey. Il s'est d'ailleurs imaginé, qu'il pouroit entrer dans les écuries du roy, qu'on pouroit le présenter à M. le Prince Charles. Enfin il m'a pressé, conjuré de luy donner une lettre pour vous. Je n'ay pu résister à la vanité que je sentois de passer pour avoir auprès de vous quelque crédit. Je luy ay donné cette lettre, il est party sur le champ pour Paris, il est peutêtre à présent à votre porte. C'est là où je serois, si je n'étois à Cirey. Pourquoy me refusez vous le petit mot que je vous ay demandé? Vous savez pourtant quel est mon tendre, mon éternel dévouement pr vous.
V.