à Cirey ce [7]mars 1739
Vous trouverez peutêtre monsieur que j'abuse de vos bontez, et que je suis un homme bien hardy, mais enfin voicy un jeune homme bien fait, ayant de bonnes moeurs, n'écrivant pas mal, et pensant très bien.
Né avec de l'esprit et du goust, n'étant pas sans connaissances acquises, et pouvant je croi servir en plus d'une qualité à un ambassadeur soit en Portugal soit ailleurs. Si donc il arrivoit monsieur que vous eussiez besoin d'un jeune homme comme luy dans votre maison, j'oserois prendre la liberté de Vous le présenter. Je vous suis trop tendrement attaché pour vous recomander un homme qui en seroit indigne mais je sçai trop mon devoir pour vous faire d'autre prière que celle de consulter ce qui vous convient. Vous savez monsieur avec quel respectueux je serai toute ma vie votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire