9 mai [1738]
Pui-je ajouter un mot à tout ce que l'amitié la plus respectable vient de vous dire?
Ne seroit il pas mieux de nier que j'aye la moindre part à un ouvrage innocent empoisonné par la calomnie, que de m'en avouer l'auteur? Il est bien démontré sans doute qu'il est impossible que j'aye jamais eu dessein d'offenser La personne en question. Mais enfin ce n'est point être innocent que d'avoir donné un prétexte à ces aplications odieuses. Dès qu'on abuse de mon ouvrage, ce malheureux ouvrage est bien criminel. Que faire donc? C'est à vous à le savoir, moy je ne peux que me désespérer. Faut il donner une nouvelle édition de l'épître corrigée? faut il L'anéantir? faut il m'anéantir moy même? Ordonez. Ce qui est sûr, c'est que je ne vivray que pour sentir vos bontez aussi vivement que je sens Le contrecoup afreux de cette détestable aplication.
Ce ne sera point mentir que de dire que je n'en suis point l'auteur, car je ne puis être l'auteur de rien qui puisse déplaire à La personne dont il est question.