1737-12-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Baptiste Rousseau.
Sonnet
Quoy tu n'es pas rayé du nombre des vivants!
Infâme satirique, et flateur plus infâme.
Quoy dans ton corps grossier ta lourde et vilaine âme,
Doit se nourrir encor du fiel de tes serpens!
Ta sœur la calomnie aux couplets médisants,
Qui diffamant autruy soy même se diffame,
La peur, l'hipocrisie et ses Louches enfans,
T'alloient précipiter dans l’éternelle flamme.
Déjà l'apoplexie au regard éperdu,
Au col court, au teint pâle, à la marche inégale,
Béguaioit ton arrest, de sa bouche infernale.
Mais ton dernier suplice est encor suspendu:
Le bâton doit finir ta carrière fatale,
Car il faut que l'on meure ainsi qu'on a vécu.

Tu étois déjà en apoplexie sans doute quand tu fis ces trois épitres gotiques, et cette ode détestable sur la paix, et ton impertinente comédie des ayeux chimériques misérable! Bois jusqu’à la lie, le calice de tes crimes et de tes sottises.

Signé Lafaye
Sedu Cat; Saurin fils; Voltaire; Crebillon; Lachaussee; Pirron; Destouches Dolivet