Vous verrez, mon cher Président, selon toutes les aparences, made Denis le même jour que vous recevrez ma Lettre.
Elle va à Paris pour les affaires les plus pressantes, et elle prend son chemin par Dijon avec la petite du grand Corneille dans l'espérance d'y voir le président de l'académie. J'aurais bien voulu être du voiage, mais il m'est impossible de quitter le coin de mon feu.
Je suis fâché qu'on ait pu penser à Dijon que je sois l'auteur de la mauvaise Epigramme contre Pirron au sujet d'une Epigramme encor plus mauvaise que ce fou de Pirron avait faite contre Bélisaire. Ceux qui combattent ainsi devraient combattre aumoins à visage découvert et ne point charger les autres de leurs sottises. Il n'est ni vrai, ni plaisant de dire,
Ce vers est même prèsque aussi dur que ceux de Pirron. Le goût est râre dans ce monde.
Je vous parlerai de la terre de Tournay au retour de made Denis. En attendant j'embrasse mon cher président avec les sentiments les plus respectueux et les plus tendres.
V.
7e Mars 1768 à Ferney