1737-01-23, de Frederick II, king of Prussia à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur, J'ai reseux avec beaucoup de plaisir la Défance du Mondain et Le joli badinage au sujet de la mulle du Pape.
Chaqune de ces pièces est charmante dans son genre.

Le faux Zelle de Vostre voisin Le Dévôt représente très bien celui de beaucoup de personnes qui dans leur stupide Seinteté taxent tout de péché, tandis qu'ils s'aveuglent sur leurs propres visses.

Il n'y à rien de plus heureux que la transision du vin dont Vostre béat humecte son goziér séché à force d'argumentér. Le pauvre qui vit des vanitéz des grands, le Dieux qui du tems de Tulle étoit de bois, et d'or sous le Consulat de Luculle, ez: sont des endroits dont les beautés marchent à grand pas vers l'Imortallité. Mais monsieur poureje vous présentér mes doutes? C'est le moyien de m'instruire par les bones Raisons dont Vous Vous légitimerai sans doutes.

Peut-on donnér l’épitète de Chimérique à l'histoire Romaine avérée par le témoignage de tants d'auteurs, de tans de Monuments Respectables de L'antiquité, et d'une infinité de Médailles (dont il ne faudroit qu'une partie pour établir Les véritéz de la Religion)? Les étandarts de Foin des Romains ne sont incognus; mon ignorance ne peut servir d'excusse; mais autants que je puis me resouvenir de l'histoire, les premiers étendarts des Romains furent des mains ajustées au haut d'une perche.

Vous voyéz Monsieur un Diciple qui demande à s'instruire; Vous voyéz en même tems un ami sincère qui en agit avec franchisse, et j'espère que Vostre esprit juste et pénétrant s'apersevra facillement que mon amityé seulle vous parle; uséz en je vous prie de même à mon égard.

J'avoue que mes réflextions sont plustôt celles d'un géomètre que les remarques d'un Poète; mais l'estim͞e que j'ai pour Vous étant trop bien établie cera toujours la même, étant à jaméz,

Monsieur,

Vostre très affectionné ami

Frederic