Me voilà bien embarrassée, m͞e de Rich. comence à sauoir que votre ami n'est point en Prusse et elle est très piquée que ie l'aie trompée.
Que puisje faire? que puisje dire? I'ai allégué l'infidélité des postes, mai ie n'ay rien mandé de plus. Elle peut me seruir encore, et ie l'aime tendrem͞t. Mandés moy ce que ie puis lui dire, car ie veux que v͞s conduisiés toutes mes démarches. Mandés moy aussi jusqu’à quel point i'ay besoin qu'elle parle àprésent. Elle prétend àprésent qu'elle auoit la parolle du g. d. s. de ne rien faire contre mr de V. sans l'en avertir, mais le fait est, qu'elle ne l'a jamais eüe, et la preuue, c'est qu'elle ne v͞s l'a jamais dit, ni mandé, et elle ne me l'auroit vraisemblablem͞t pas caché. De plus i'ay sujet de croire qu'on ne la lui a point donnée. Ie lui mande que si elle peut l'auoir ie lui deuray le repos de ma vie, que ie ne me plains de rien à présent, mais que le passé saigne encore. Ie ne sais si cela la satisfera. I'ay enfin reçu des nouuelles de Tiriot, sa lettre a été retardée et aparam͞t ouuerte. Faite vn peu attention quel jour v͞s receués mes lettres selon leurs dattes. I'ay reçu les vôtres très éxactement. Il me paroit que mr de V. ne lui a dit que la moitié de son secret, et c'est beaucoup p͞r lui. Ie v͞s demande encore d'escrire come ie vous en ay prié p͞r empêcher l'impression de cette philosophie, cela est essentiel. Aués v͞s reçu mon paquet?
Ce seroit bien icy le tems de faire imprimer cette dissertation sur les 3 Epitres, cela lui feroit plus de plaisir que cela ne vaut. Il faut lui pardonner ses faiblesses, voyés ce que votre amitié peut faire. Adieu. Le tems augmente ma douleur, aussi bien que ma sensibilité p͞r tout ce que v͞s faites p͞r moy.
ce 16e [January 1737]