J'aprends monsieur le détail des obligations que je vous ay.
Vous n'êtes pas de ces gens qui souhaitent du bien à leurs amis, vous leur en faites. D'autres diroient, comment se tirera t'on de là? la chose est embarassante, et quand ils auroient plaint leur homme, le laisseroient là, et iroient souper. Pour vous, vous racomodez tout, et très vite et très bien, et vous servez vos amis de touttes façons, et vous leur faites des vers, et vous leur coupez des scènes, et les pièces sont jouées, et la police et les sifflets ont un pied de nez, et malgré les mauvais plaisans on réussit.
Ajoutez vite à touttes vos bontez, celle de me faire tenir cet enfant, par la poste. Vous pouvez aisément me faire contresigner cet enfant là, ou vous ou mr votre frère, et puis s'il vous plait, dites moy l'un et l'autre au vray comment cela va, s'il faut bien corriger, si cela peut devenir digne de paraitre au grand jour de L'impression. Je vous croiray par amabile fratrum. Pourquoy melles Fessard disent elles que cela est de moy, pourquoy me de st Pierre l'assure t'elle? Je ne l'ay point avoué, je ne L'avoueray pas. Je ne me vante que de votre amitié, de vos bontez, de mon tendre attachement pour vous, et point du tout de L'enfant.
V.
à Cirey ce 19 [October 1736]