à Cirey ce 7 septbre [1736]
Je vous réitère toutes mes prières aimable Talie.
J'en auray bien de la reconnaissance mais ajoutez à vos bontez la justice que vous me devez de détromper Vos amis sur l'idée qu'on a que je suis l'auteur d'une épitre en vers contre Roussau qui a dit on cinq ou six cent vers. Moy cinq ou six cent vers! Je n'en ay assurément ny le temps ny la volonté! On dit que dans cette réponse, Marivaux et Gresset sont maltraittez. Je n'ay aucun sujet que je sache de me plaindre d'eux, et quand je fais un ouvrage, je l'avoue hautement. Si donc je désavoue celuy cy c'est une preuve que je ne l'ay pas fait. S'il est bon je n'en veux point avoir la gloire, s'il est mauvais je ne veux point en avoir la honte.
En cas que vous ayez cette pièce, faites moy l'amitié je vous en prie de me l'envoyer.
Qu'esce que Le dissipateur? pourquoy est il imprimé sans être joué?
Je suis à vos pieds ingénieuse Talie, je vous demande bien pardon pour la Croupillac. Cette bégueule là gâte à mon gré un ouvrage qui pouroit réussir. Mais que ne racomoderiez vous point?
Je vous suis attaché pour la vie avec le plus tendre dévouement.
V.