ce 3 [April 1736] à C.
Ah je suis perdu, ah je suis siflé, je suis mort, je suis enterré.
La Marre sait tout, il sait que j'ay fait ce que vous savez, soit qu'on le luy ait apris en luy recomandant le secret, soit qu'en effet il ait abusé de la familiarité qu'il m'avoit extorquée, en regardant dans mes papiers. Ah Thalie, divine Talie, quelle tête que ce la Marre! Il faudrait le tenir en prison avec un baillon pendant un mois. Mais enfin parlez luy, un mot de votre bouche poura fermer la sienne. Il ne peut avoir vu dans mes papiers qu'un ou deux mots qui luy auront fait soupçonner ce dont il s'agit, il ne sait rien d'ailleurs. Voyez ce qu'il y a à faire. Songez charmante Talie que tout dépend du secret, que ce secret est un miracle, et que c'est à vous d'en faire. Vous et vos amis au bout du compte savent bien que cela est de Gresset. Je souhaite à ce Gresset du meilleur de mon cœur toute sorte de prospérité. Mon dieu qu'il nous aura d'obligation, qu'il est heureux d’être entre vos mains, qu'il doit vous aimer, et travailler pour vous! Comptez à jamais sur le tendre dévouement de ce Gresset.