ce 31 [?21 March 1736]
Vous me connaissez bien peu, discrète et ingénieuse Talie.
L'enfant que je vous ay fait m'est toujours cher. Vous avez voulu qu'il parût dans le monde, et vous avez craint que je ne l'envoiasse pas à grand tort. Il est parti, et vous devez l'avoir. Disposez en, mais je vous demande en grâce d'y laisser les petites plaisanteries que vous y trouverez. Que la supériorité de votre goust s'acomode un peu à la guaité du parterre. Il veut du plaisant plutôt que du fin. Enfin voylà L'ouvrage, tel que mes autres occupations m'ont permis de vous l'envoyer.
Si vous voulez que je continue à travailler, ôtez moy je vous prie le fardau de la haine injuste d'un homme qui me décrie par des libelles, et dans toutes les sociétez où il se trouve, d'un homme que je n'ay jamais ofensé, et dans qui je respecte l'amitié que vous avez eue pour luy. Mr Dargental vous en parlera. Ne me laissez pas ignorer je vous en prie les dispositions que vous ferez pour la pièce.
Il seroit nécessaire pour cent bonnes raisons que le croque chenille n'eût plus son entrée. Cela est essentiel et cela dépend de votre prudence. Je suis à vos pieds, aimable Thalie.
V.