J’écris mon cher abbé à mr Bégon pour le remercier de ses soins, et pour luy dire que c'est par devant le juge de Joinville que je consommeray l'afaire du procez contre Dhombre.
Si vous voyez Mr Robert je vous prie de luy recomander l'afaire de Bouillé Menard. C'est une antienne qu'il luy faut répéter souvent.
Vous ne luy donnez sans doute de l'argent pour cette affaire qu'en connaissance de cause. Je vous remercie de la gratification faitte à la Marre, d'autant plus que c'est la dernière que mes affaires me permettent de luy acorder.
Je vous ay prié de faire acheter par mr votre frère la phisique de Mushembroek et de la faire porter chez m. Melon au carouzel.
J'ajoute à cette prière, celle de me faire acheter une petite table à écran, qui peut servir à la fois d’écran et d’écritoire, et de la faire porter de ma part chez madame de Vinterfelt, rue Platriere, près des filles de ste Agnes.
Souvenez vous des deux petites tablettes à armoire pour mettre à côté d'une cheminée. Je veux que ce soit une chose très comode et très jolie.
Voicy t'il assez de peines que je vous donne? mon cher amy! Ne vous donnez pas au moins celle d'aller chez le Chanteur. Mr du Chatelet doit vous donner pour moy un mandement de cent pistoles sur Brono. Je vous prie de demander ce mandement à m. du Chatelet quand vous le verrez, car je seray obligé de tirer bientôt quelque argent sur vous.
Du reste mes affaires comme vous savez sont très simples et très aisées. Il n'y a que l'affaire de Bouillé Menard qu'il faudra poursuivre avec chaleur et faire assigner madame Daubigné, tutrice des enfans à qui Bouillé Menard apartient, car voylà le terme expiré auquel on me doit déjà huit mille francs selon l’énoncé de l'arrest.
On m'a renvoyé plusieurs lettres de l'hôtel d'Orleans. Je vous prie d'envoyer à mr Goy, avocat qui demeure au rets de chaussée, l'argent du port de ces lettres qu'il a bien voulu avancer pour moy. Il sera sensible à cette attention.
Avez vous retiré mon portrait? avez vous fait commencer les copies? le ferez vous graver?
Adieu mon amy. J'en use avec vous comme je vous prie d'en user avec moy. Je voudrois bien être assez heureux pour recevoir quelqu'un de vos ordres.
V.
à Cirey ce 16 juillet 1736