A Paris, 2 mai [1736]
Il y a huit jours, Monsieur, que je fais chercher votre demeure, pour présenter Alzireà l'homme de France qui sait et qui cultive le mieux cet art si difficile de faire de bons vers.
Je pense bien comme vous, monsieur, sur cet art que tout le monde croit connaître et qu'on connaît si peu. Je dirai de tout mon cœur avec vous:
Il faut avouer que personne ne justifie mieux que vous ce que vous avancez.
On m'a parlé aujourd'hui d'une place à l'Académie française, mais ni les circonstances où je me trouve, ni ma santé, ni la liberté, que je préfère à tout, ne me permettent d'oser y penser. J'ai répondu que cette place devait vous être destinée, et que je me ferais un honneur de vous céder le peu de suffrages sur lesquels j'aurais pu compter, si votre mérite ne vous assurait de toutes les voix.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec toute l'estime que vous méritez, votre, &c.