à Berlin 14 février 1752
Madame,
Privé du bonheur de faire ma cour à votre altesse Royale et de L'admirer de près, je saisis au moins touttes les occasions de luy marquer mon profond respect, et mon ambition de mériter ses bontez et son suffrage.
Je la supplie de recevoir avec indulgence cette histoire qui par l'importance du sujet, mérite ses regards, et qui d'ailleurs est un livre unique qu'on ne trouve chez aucun libraire. Ces considérations ne sont pas les seules qui justifient la liberté que je prends. Votre altesse royale trouvera dans cet ouvrage des véritez soit dans ce qui regarde les affaires publiques au gouvernement des quelles vous êtes destinée, soit dans ce qui concerne les beaux arts que vous protégez et que vous cultivez.
Votre altesse Roiale ne doute pas qu'après les choses étonnantes que j'ay vues d'elle, après l'avoir admirée en italien et en français, je ne doive regarder comme le plus beau jour de ma vie, celuy où je pourais me mettre à ses pieds. C'est la seule ambition que j'aye, et elle m'est commune à tous ceux qui sentent le prix des grands talents, des vertus, et des grâces.
Je suis avec autant de respect que d'admiration
madame
de votre altesse Royale
le très humble, et très obéissant serviteur
de Voltaire gentilhome ord. de la chambre du roy de France
chambellan du roy de Prusse