[c. May 1733]
J'ai donné aujourduy un petit paquet à mr votre frère, qui m'a au même instant payé avec usure par une de vos lettres.
Je voi que nous pensons à peu près aux mêmes choses sans nous être donnez le mot. En vérité cela prouve que nous sommes faits pour vivre ensemble. Vous devriez venir passer l'hiver prochain à Paris. Je ne m'acoutume pas à une si longue absense. Je vais dire à Formont que vous songez à luy et que vous l'aimez quoyque vous soiez dans le pays de l'indiférence.
Je croi que vous verrez dans peu le duc de Richelieu qui va porter ses grâces, et ses séductions à Londres. Vous me paroissez trop anglois pour luy faire votre cour, et de trop bon goust pour être de son avis sur les baux arts qu'il entend très mal. Mais il entend à merveilles celuy de plaire. C'est de tous les arts celuy qu'en général les Anglois cultivent le moins et que mr de Richelieu conoît le plus. Pour vous vous me plairez infiniment si vous revenez après m'avoir imprimé. Ecrivez moy souvent et longuement si vous m'aimez.