[de Paris ce 19 may 1733]
Je voudrois bien mon cher amy pouvoir vous présenter moy même, mr Richey qui vous rendra cette lettre.
C'est un étranger qui croit voiager pour s'instruire, et qui m'a instruit baucoup. Il me paroit de tous les pays. Il y a dans le monde une nation d'honnêtes gens et de gens d'esprit qui sont tous compatriotes, mr Richey est assurément un des premiers de cette nation là, et fait par conséquent pour connoitre les Cidevilles. Je vous demande en grâce de luy procurer dans votre ville tous les agréments qui dépendront de vous. Celuy de vous voir sera celuy dont il sera le plus touché. Je croi qu'il y trouvera aussi mr Formont qui est sur son départ. Je ne vois pas qu'après cela il ait bien des choses à voir à Rouen. Je suis plus malade que jamais mon cher amy.
Je vais écrire à l'abbe Linant. Vous aurez J. dans un jour ou deux. Adieu. Vous m’écrivez toujours des vers charmants et je ne vous réponds qu'en prose, preuve que je suis bien malade.