A Berlin, 18 février [1752]
Mon cher ami, j'ai compté sans mon hôte, et cet hôte est un diable qui ne me laisse pas compter sur un moment.
Peut-être serai je en état de partir lundi ou mardi. Le fils de l'homme dit que nous ne savons ni le jour ni l'heure. Je vous supplie de présenter mes remerciements à m. Fédersdorf, pour ses attentions obligeantes, dont je profiterai aussitôt qu'il me sera possible. Je ne sais point par moi même, depuis deux jours, comment va milord Tirconel, parce que j'ai gardé le lit; on dit qu'il va mieux: mais quel mieux? Mon pis, à moi, est de n'être pas à Potsdam; car vous m'en croirez, si vous voulez, ce n'est pas pour madame Bock que je suis venu dans ce pays-ci, et que j'ai quitté à mon âge ma patrie et mes amis. Ménagez votre santé, mon cher ami, et que le roi conserve la sienne. C'est un bien fort au dessus de tous les trônes de la terre. Je vous embrasse avec une extrême impatience de vous voir.