Vous Jugés parfaittement bien, Monsieur, du mérite de Voltaire.
Ce Jeune homme impose par son éffronterie; mais, il n'y a Rien en lui, qui soit marqué au coin de la postérité. Ses ouvrages, ne sont autre chose que des fragmens mal cousus, où le bon sens est compté pour Rien. S'il trouve un sujet clair et simple, il n'a point de Repos, qu'il ne l'ait Rendu obscur et Embroüillé. Nulle vraisemblance dans la conduitte, nulle vérité dans les Moeurs. Des vers à la vérité, moins froids que ceux de la Motte; mais en Récompense bien moins Réguliers, à l'harmonie près, que l'un ny l'autre, n'ont Jamais Connu. Ajoutés à cela une Ignorance Orgueilleuse, qui dédaigne de s'instruire, un air de décision et de vérité qui Révolte, et une hardiesse à établir des Règles insuportables dans un autheur qui n'en connoît, ny n'en pratique aucune. Touttes ces Choses sont, comme je vous l'ai dit, capables d'Imposer à des novices; mais elles sont plus propres à faire des partisans, qu’à Engager des Lecteurs: dès qu'on cesse de lire, on se lasse bientôt d'admirer.
1732-10-01, de Jean Baptiste Rousseau à René Jourdan de Launay.