à Fontaineblau ce 6 octobre n. s. [1725]
Sire,
Il y a longtemps que je me regarde comme un des sujets de votre majesté.
J'ose implorer sa protection pour un de mes ouvrages. C'est un poème épique dont le sujet est Henri quatre, le meilleur de nos rois. La ressemblance que le titre de père de ses peuples luy donne avec vous, m'authorise à m'adresser à votre majesté.
J'ai été forcé de parler de la politique de Rome, et des intrigues des moines. J'ai respecté la relligion réformée; j'ai Loué l'illustre Elisabeth D'Angleterre. J'ai parlé dans mon ouvrage avec liberté, et avec vérité. Vous êtes sire le protecteur de l'une et de L'autre; et j'ose me flatter que vous m'acorderez votre roiale protection pour faire imprimer dans vos états un ouvrage qui doit vous intéresser, puisqu'il est l’éloge de la vertu.
C'est pour apprendre à la mieux peindre que je cherche avec empressement l'honneur de venir à Londres vous présenter les profonds respects et la reconnoissance avec la quelle j'ai l'honneur d’être
Sire
de votre majesté
le très humble et très obéissant et très obligé serviteur
Voltaire