1725-05-29, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas Jean Baptiste Ravot d'Ombreval.

Monsieur,

Je vous aurai obligation toutte ma vie de ce que vous avez bien voulu faire en faveur du pauvre abbé des Fontaines; tous les gens de lettres qui connoissent son mérite supérieur partageront ma reconnoissance.
S'il a été coupable de quelque indiscrétion, il en a été bien cruellement puni; mais je puis vous assurer qu'il est incapable du crime infâme qu'on luy attribue, et que d'ailleurs il mérite par sa probité, et j'ose dire par son malheur, que vous luy donniez votre protection et que vous daigniez parler en sa faveur à Mgr le duc, vous êtes dans une place où vous pouvez faire du mal, mais votre cœur vous porte à faire du bien. Pour moy monsieur, je n'ay que des grâces à vous rendre, et je joins les sentimens de la plus vive reconnoissance au respect que j'ai pour votre personne et avec le quel je suis votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire