1722-12-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Augustin Paradis de Moncrif.

Il me semble mon cher monsieur que j'ai tardé bien longtemps à vous remercier de la bonté que vous avez eüe d'accepter une place de distributeur des souscriptions de Henri quatre.
On m'a mandé qu'on avoit fort frondé à Paris le projet d'impression de mon poème. C'est mon libraire de Hollande qui s'en est uniquement mêlé et qui en cela a suivi exactement les usages de son pays. Mais les François ne trouvent pas bon qu'en Hollande on fasse quelque chose à la hollandoise. Il y a longtemps qu'ils sont en possession de l'incorrigible manie de condamner tout ce qui n'est pas dans leurs usages. Pour moi quelqu'usage que je suive je serai toujours dans celui de vous aimer très tendrement. Je vous suplie d'assurer vos amis que mon poème se débitera en France avec privilège. Mille respects à mr d'Argenson. Mon adresse est à Ussé par Tours. Je vous embrasse mille fois.

Voltaire