1722-09-13, de [unknown] à Le Mercure.

Nous avons vu ici, messieurs, avec plaisir, dans votre dernier Mercure, l’épître de m. de Voltaire à m. le maréchal de Villars.
Cet auteur y est arrivé la semaine dernière avec me de Rupelmonde, d'où il a écrit à m. le cardinal du Bois, la lettre que j'ai l'honneur de vous envoyer: il nous en régala à souper chez m. de S. Contez, & nous en laissa une copie. On parla à ce souper de la comédie qui se devait représenter le lendemain. M. le comte de Vindisgrats avait demandé les Plaideurs : & on les avait annoncés. Toute la compagnie marqua l'envie qu'elle aurait de voir jouer Œdipe en présence de son auteur. M. de Voltaire fut chargé d’écrire à m. de Vindisgrats, pour lui demander cette pièce, il sortit de table, & lui écrivit cette espèce de placet.

Seigneur; le congrès vous supplie
D'ordonner tout présentement,
Qu'on nous donne une tragédie
Demain pour divertissement.
Nous vous le demandons au nom de Rupelmonde,
Rien ne resiste à ses désirs,
Et votre prudence profonde,
Doit commencer par nos plaisirs,
A travailler pour le bonheur du monde.

Voici la réponse qui fut mise au bas du placet.

L'amour vous fit, aimable Rupelmonde,
Pour décider de nos plaisirs.
Je n'en sais pas de plus parfait au monde,
Que de répondre à vos désirs.
Sitôt que vous parlez, on n'a point de réplique.
Vous aurez donc Œdippe: & même la critique,
L'ordre est donné, pour qu'en votre faveur,
Demain l'on joue, & la pièce, & l'auteur.