1721-12-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Racine.

Digne frère d'Athalie, vous avez sans doute un party contre vous, mais si vous voulez me croire, vous le ramenerez en un jour, et vous aurez touttes les voix sans en excepter une.
C'est ainsi qu'il vous convient d'entrer dans l'académie. Je commence à ne plus croire que l'on ait tenu au roy le discours dont on vous a fait tant de peur. Je ne doute pas que vous n'ayez fait un petit voiage à Versailles, ou que vous n'y alliez pour prévenir les contretemps qui peuvent arriver. Il ne tient certainement qu’à vous de réussir. Je ne sçai pas si après votre inauguration je serai admis dans le nombre des élus, mais je sçai que l'envie d'en être ne sera bien déterminée dans moy que quand vous honorerez une compagnie à laquelle votre nom manque. Mandez moy quand vous serez chez vous, et si vous avez quelques ordres à me donner, comptez que je suis à vous. Je souhaitte que vous trouviez parmy les gens de lettres autant de vérité et d'amitié. Je vous embrasse de tout mon cœur.