1839.
Mon cher monsieur Pauthier, je partirai dans une huitaine de jours pour Besançon, et comme je compte voir M. Tissot en passant par Dijon, je me chargerai volontiers de vos commissions pour lui, d'autant plus que je ne sais pas son adresse.
Je vous remercie de votre statistique chinoise, qui a fixé mes idées sur la population de l'empire du Milieu, bien que cette population me paraisse encore fabuleuse telle que vous nous la donnez ; mais je connais trop les règles de la certitude relativement aux témoignages humains pour conserver le moindre doute. Je suis seulement effrayé pour ces pauvres gens, qu'il me semble voir serrés à étouffer. Je serais un peu rassuré si vous me disiez que la Chine est très-montagneuse, car cela fait un peu d'ombre et multiplie les surfaces.
J'aurais été bien aise de vous voir encore une fois. Les phalanstériens viennent à moi, les communistes enragent toujours, et je vais siffler notre Académie. Me recueillez-vous des documents? Je vous souhaite le bonjour jusqu'au mois d'octobre, et vous prie de croire que je vous aime bien.
P.-J. PROUDHON.
P.-S. Bergmann m'écrit de Strasbourg qu'il se marie. Et moi !...