Le 25 septembre 1827.
J'ai été bien longtemps sans pouvoir vous écrire, cher bon ami, et je ne puis encore me permettre que peu de lignes, tant ma pauvre tête est faible et se fatigue aisément. Il faut du temps pour revenir de si loin. Ma convalescence s'est d'abord compliquée de spasmes; et puis la mort presque soudaine d'un domestique auquel nous étions fort attachés, et qu'il m'a fallu confesser à la hâte au milieu de la nuit, m'a occasionné une rechute, qui heureusement n'a pas été de longue durée. De fortes doses de quinquina ont coupé successivement les deux fièvres qui s'entrelaçaient l'une dans l'autre, comme dans ♦ ma première maladie.
A présent les forces reviennent, et j'espère avant un mois pouvoir reprendre mon travail, avec discrétion pourtant.
J'ai éprouvé plus de tristesse que de joie de recommencer la vie ; cependant je bénis de tout mon cœur la miséricorde de Dieu, qui a voulu me laisser du temps pour me mieux préparer à paraître devant lui. Oh! combien nous devrions être attentifs à nous tenir toujours prêts, car nous ne savons pas quand nous serons appelés, et dans l'état où nous met la maladie, il est bien, bien difficile de se disposer convenablement à ce grand passage.
Veuillez remercier pour moi Mme Berryer de l'intérêt qu'elle a pris au danger que
j'ai couru. J'embrasse mon petit Arthur.
Mon frère, qui est ici pour trois jours,
vous dit mille choses tendres. Quant à moi, cher, je ne trouve point de mots pour vous
dire ce que je sens pour vous.