1827-09-25, de Félicité de Lamennais à Marquis Charles-Louis-Alexandre de Coriolis d'Espinouse.

Je profite avec empressement, monsieur le marquis, du retour de mes forces pour vous remercier bien cordialement des témoignages d'amitié que j'ai reçus de vous pendant la maladie à laquelle je viens d'échapper. Ma tête est encore très-peu capable d'application, mais je n'ai besoin que de suivre le mouvement naturel de mon cœur pour vous parler de la tendre et respectueuse affection que je conserverai pour vous jusqu'à la fin d'une vie dont j'ai vu le terme de bien près. Des personnes qui m'entouraient, aucune ne croyait la guérison possible : il y a eu un moment où le médecin ne me donnait que quelques minutes de vie. Dieu cependant en avait disposé autrement, et mon heure n'était pas venue. Une rechute a rendu ma convalescence lente et pénible ; mais les accidents ayant disparu peu à peu, elle suit maintenant son cours naturel. Pardon de vous tant parler de moi. Vous pardonnerez, j'espère, ces minces détails à un homme tout étonné de se retrouver en ce monde. Celui où j'ai été sur le point d'aborder valait mieux sans doute; mais puisque la Providence m'a voulu encore dans celui-ci, il faut se soumettre et bénir.

Oserais-je vous prier d'offrir mes respectueux hommages à Mme la marquise de Coriolis et à Mme la marquise de Talaru? J'ai été bien sensible il l'intérêt qu'a pris à moi monsieur votre fils. Vous savez, monsieur le marquis, avec quelle tendre affection je vous suis dévoué.

Vos lettres me parviendraient sûrement si vous aviez la complaisance de les faire remettre à M. J. M. Martin, rue de Bourbon, no 2.