Tous mes paroissiens, monsieur, ont droit à mes soins, que la nécessité seule me fait partager avec mes coopérateurs.
Mais quelqu'un comme monsieur de Voltaire est fait pour attirer toute mon attention. La célébrité qui fixe sur lui les yeux de la capitale de la France et même de l'Europe est bien digne de la sollicitude pastorale d'un curé.
La démarche que vous avez faite, monsieur, n'était nécessaire qu'autant qu'elle pouvait vous être utile et consolante dans le danger de votre maladie. Mon ministère ayant pour objet le vrai bonheur de l'homme, en tournant à son profit les misères inséparables de sa condition, et en dissipant par la foi les ténèbres qui offusquent sa raison, et le bornent au cercle étroit de cette vie, jugez avec quel empressement je dois l'offrir à l'homme le plus distingué par ses talents, dont l'exemple seul ferait des milliers d'heureux, et peut-être l'époque la plus intéressante aux mœurs, à la religion, et à tous les vrais principes, sans lesquels la société ne sera jamais qu'un assemblage de malheureux insensés divisés par leurs passions, et tourmentés par leurs remords.
Je sais que vous êtes bienfaisant: si vous me permettez de vous entretenir quelquefois, j'espère que vous conviendrez qu'en adoptant parfaitement la sublime philosophie de l'évangile, vous pourrez faire le plus grand bien, et ajouter à la gloire d'avoir porté l'esprit humain au plus haut degré de ses connaissances, le mérite de la vertu la plus sincère, dont la sagesse divine revêtue de notre nature nous a donné la juste idée, et fourni le parfait modèle que nous ne pouvons trouver ailleurs.
Vous me comblez, monsieur, de choses obligeantes que vous voulez bien me dire et que je ne mérite pas. Il serait au dessus de mes forces d'y répondre, en me mettant au nombre des savants et des gens d'esprit, qui vous portent avec tant d'empressement leur tribut et leurs hommages. Pour moi je n'ai à vous offrir que le vœu de votre solide bonheur, et la sincérité des sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être &ca.