1761-01-09, de Joseph Nicolas Deschamps de Chaumont, évêque de Genève-Annecy à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

Nous avons à faire à un bon maître, mais si sa miséricorde est sans borne, sa justice fut toujours terrible pour tous ceux qui osèrent braver sa puissance.
Je souhaite fort que vous ne soyez pas dans le cas par la sincérité d'un retour aussi propre à consoler l'église qu'à réjouir tous les anges; prenez donc un Ananie, et tâchez d'imiter par votre pénitence celui que vous avez surpassé dans ses égarements. Hâtez vous, mettez la main à l'œuvre, car le moment où je parle touche peut-être au terme fatal d'une vie qui sera jugée sans retour. Dieu voit en secret les gémissements d'un cœur qui s'intéresse vivement pour vous dans un point aussi critique, et qui ne cessera de demander avec une ardeur importune que des ténèbres si longues mais aussi honteuses pour l'humanité puissent faire place à une lumière pure qui sur la fin du jour vous dessille les yeux. Je suis avec respect &c.