1778-02-20, de Louis Laurent Gaultier à Voltaire [François Marie Arouet].

Beaucoup de personnes, Monsieur, vous admirent et font votre éloge en beaux vers et en prose élégante, je désire du plus profond de mon cœur être du nombre de vos admirateurs.
J'aurai cet avantage, si vous voulez, cela dépend de vous, j'en suis sûr, il est encore tems. J'en dirois davantage si vous me permettiez de m'entretenir avec vous. Quoique le plus indigne de tous les Ministres, je ne vous dirois cependant rien d'indigne de mon ministère, et qui ne dût vous faire un grand plaisir. Mais comme je n'ose pas me flatter que vous me procurerez un aussi grand bonheur, je ne vous oublierai pas pour cela au Saint-Sacrifice de la Messe, et je prierai avec le plus de ferveur qu'il me sera possible le Dieu juste et miséricordieux pour le salut de vôtre âme immortelle qui doit être jugée sur ses actions. Pardonnez-moi, Monsieur, si j'ai pris la liberté de vous écrire, mon intention n'est pas de vous offenser mais de vous rendre le plus grand de tous les services; je puis le faire avec le secours de celui qui choisit ce qu'il y a de plus foible pour confondre ce qu'il y a de plus fort. Je me croirois heureux si la réponse dont vous m'honorerez peut-être étoit analogue à mes sentimens. J'ai l'honneur d'être avec un très profond respect, etc.

l'abbé Gaultier

chez M. Guibert, sculpteur du Roi, rue de Sève près les Boulevards, à Paris