[c. 30 March 1763]
. . . Mon ancien ami, si m. Simon le Franc de Pompignan n'eût point épuisé tous les éloges qu'il a fait faire dans la magnifique église de son village, je compilerais, compilerais, compilerais éloges sur éloges, pour louer les succès que mademoiselle Dubois a eus dans ma tragédie de Tancrède.
Je ne connaissais pas cette aimable actrice; ce que vous m'en écrivez me charme. Je tremblais pour le théâtre français; mademoiselle Clairon est prête à lui échapper. Remercions la providence d'être venue à notre secours.
Si les suffrages d'un vieux philosophe peuvent encourager notre jeune actrice, faites lui dire, mon ancien ami, tout ce que j'ai dit autrefois à l'immortelle Lecouvreur. Dites lui qu'elle laisse crier l'envie, que c'est un mal nécessaire; c'est un coup d'aiguillon qui doit forcer à mieux faire encore. Dites lui surtout d'aimer; le théâtre appartient à l'amour: ses héros sont enfants de Cythère. Dites lui de mépriser les éloges de Jean Fréron et des auteurs de cette espèce. Que le public soit son juge; il sera constamment son admirateur . . . .