10e 8bre 1777, à Ferney
Mon cher ami, soiez sûr que je n'écris point de Lettre qui ne soit pleine de la sensibilité qui est dans mon cœur, et de la justice si bien méritée que je vous rends.
On me donne des espérances, parce qu'au bout du compte trois ou quatre personnes avec qui je suis un peu lié, ne sont pas trente neuf personnes, parmi lesquelles il y en a une trentaine que je ne connais point du tout. Je suis regardé comme un homme mort; mais vous êtes très vivant. Si je n'ai pas le bonheur de vous appeller mon confrère dans un mois, vous serez mon successeur dans très peu de mois.
J'aprends qu'on se bat au Parnasse pour des croches et des rondes. Vous qui êtes un vrai maître dans tous les arts de ce Parnasse, c'est à vous à juger les combattans. Je vous demanderai bientôt un requiem mais, quand je lis quelque chose de vous, je lis des Laudate. Comptez qu'il n'y a personne dans cet hémisphère qui soit plus pénétré que moi de l'honneur que vous faittes aux deux mondes, et qui soit plus vôtre ami.
V.