24e juillet 1767
Mes chers patrons d'Hornoy, je suis toujours prêt d'aller trouver le Duc De Virtemberg, et je ne pars point; mauvaise santé, travaux nécessaires, affaires qui m'ont traversé, tout s'est oposé jusqu'à présent à mon voiage.
Il est vrai que made Denis a donné de belles fêtes; mais je suis trop vieux et trop malade pour en faire les honneurs. Je crois que l'affaire des Sirven sera jugée à Compiègne à la fin du mois, et nous espérons qu'elle le sera favorablement, ce sera une seconde tête de l'hydre du fanatisme abattue.
Je profite de l'adresse que vous m'avez donnée pour vous envoier un petit mémoire qui regarde un peu vôtre païs de Languedoc. Il a déjà eu son éffet. Mr De Gudane, comandant au païs de Foix, a menacé le sr Labeaumelle de le mettre pour le reste de sa vie dans un cachot, s'il continuait à vomir ses calomnies.
Je ne sais point encor de nouvelle du procez de Mr de Beaumont; son affaire est bien épineuse, et il est triste qu'il réclame en sa faveur la sévérité des mêmes loix contre lesquelles il a paru s'élever avec l'aplaudissement du public dans le procez des Calas et des Sirven.
Messrs de Chabanon et de La Harpe sont toujours à Ferney, celà vous vaudra deux Tragédies nouvelles pour vôtre hiver. Pour moi je suis hors de combat, mais j'encourage les combattans.
Aimez moi toujours un peu et soiez sûrs de ma tendre amitié.
V.