1777-04-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Edme Béguillet.

On cherche pour vous, Monsieur, l'énorme fatras que vous demandez, et qui est plus difficile à trouver qu'on ne pense.
Dès qu'on en aura fait l'acquisition, on vous dépêchera le ballot sans que vous aiez rien à débourser. Mais il faut absolument que vous preniez les plus grandes précautions pour faire entrer cette contrebande, et que vous aiez la bonté de mander comment il faut s'y prendre et à qui on peut l'adresser. J'aprends que vous avez quelques ennemis qui ne demanderaient pas mieux que de vous embarasser, et le moment n'est pas favorable pour hazarder de tels envois. Vous avez peut être entendu parler du procez cruel que l'on fait dans Paris à Mr De Lile de Sales.

Aureste, celui qui vous écrit est bien loin de mériter les compliments que vous lui faittes sur le retour de sa santé. Les suittes de son accident l'ont mis dans un état déplorable. Il n'est pas moins sensible à la confraternité de Lyon; et il voudrait bien pouvoir embrasser son confrère.

On avait mis sans doute Gardel pour Fardel dans la dernière lettre qu'on eut l'honneur de vous écrire.

Si vous voulez avoir la bonté d'envoier le fatras Bourcet sous L'envelope de Monsr Vasselier, controlleur des postes à Lyon, je vous serai très obligé de ce bon office. Ce chicaneur ferait bien mieux de s'accomoder pour une somme honnête que de plaider comme il fait pour obtenir très peu de chose. Vôtre confrère n'est pas en état de vous écrire une plus longue lettre. Si Bourcet voiait la situation de celui qu'il poursuit avec tant de cruauté il se hâterait de soliciter un accommodement. Car les affaires seront après lui dans un tel désordre que les créanciers pouront bien ne rien toucher de plus de vingt années.

On vous fait, Monsieur, mille compliments sincères sans cérémonie, et mille remerciements.