[1773/1774]
Voicy, Monsieur, une assignation qu’on m’a envoiée de Gex.
Elle est trop longue, et je ne peux y répondre qu’en peu de lignes.
Je ne veux alléguer que deux choses, la première c’est que je joins à ce paquet une ancienne assignation que m’envoia il y a quelques années Mr Le Président de Brosses lui même, par laquelle il avoue que la carrière en question m’apartient, et m’interpelle d’en user sobrement.
Ma seconde réponse est que les communiers de Tournay et Pregny, n’ont jamais été en possession de cette carrière. Qu’ils prétendent avoir trouvé un acte du seizième siècle, lequel ne dit pas même que cette carrière leur apartint, et que quand même cet acte serait vrai il y aurait une prescription de deux cent années. Or, une telle prescription exclut tout procez.
Je vous prie de ne me point mêler dans l’affaire de Gardel et de Dupuits pour les champs qu’ils avaient affermés de Bourcet à l’hermitage, et d’attendre que cette affaire soit jugée au principal à Dijon.
Vous me ferez plaisir de me venir voir quand vous pourez passer par nos quartiers, car le triste état où je suis ne me permet pas sortir de ma chambre.
Vôtre très humble serviteur
Voltaire
N’égarez pas l’assignation du président de Brosse du 18 octobre 1773 par la quelle on voit que la carrière m’apartient. Je ne l’ay d’ailleurs ni louée ni vendue. Je l’ay donnée gratis à un masson nommé des Places qui ne doit pas en abuser.