Monsieur,
Tous les grands hommes se sont plû à faciliter la route des belles lettres à ceux qui ont eu recours à leurs lumières.
Le désir de s'instruire est auprès d'un sçavant aimable un titre qui l'engage à ne pas refuser ses avis à un homme modeste et honnête. Voudriez-vous me donner un plan de littérature, me tracer la route qui conduit à l'érudition, m'indiquer les sources où je dois puiser, m'apprendre l'ordre et la méthode avec lesquels je dois étudier? Tous nos donneurs d'avis, tous nos faiseurs de plans, bien loin de satisfaire, sont rebutans et insipides; pour mettre le sceau à tous les services que vous avez rendus à la société, il ne vous reste plus qu'à lever la carte du Parnasse qui vous est si connue, et à introduire la jeunesse studieuse dans ses avenues les moins épineuses. Vous connaissez les avantages d'une bonne méthode et vous savez mieux que personne que les premiers par dirigent ou écartent du vrai but qu'on se propose d'atteindre et ainsi combien il est important de prendre le sentier le plus court, le plus sûr et le plus agréable et de s'adresser à un guide infaillible. Personne n'est plus persuadé que moi de la profondeur, de la sûreté de vos vues et du poids de vos conseils.
J'ai l'honneur d'être avec un profond respect et l'admiration la plus grande,
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
du Pin
A Auxerre ce 12 mars 1777
Je séjourne actuellement chez M. le Conseiller de Vauxmoulins. Je me flatte que vous daignerez m'honorer d'une réponse.