Monsieur,
Vous vous rappellerez peut-être un livre intitulé l'histoire de l'Astronomie ancienne, dont je vous fis hommage l'année dernière, et que vous avez honoré de quelques éloges.
Un savant m'a jugé digne de sa critique, ce qui fait toujours honneur à un auteur; il m'a même assez maltraité, ce qui fait encore plus d'honneur à mon livre: j'ai cru qu'il étoit plus sage de ne pas répondre. Cependant des gens de Lettres m'ayant fait des objections et des difficultés qui annoncent que je n'ai pas été généralement entendu, j'ai pensé que je devais développer mes idées par une discussion qui aurait été déplacée dans l'histoire de l'astronomie. Elle est renfermée dans les Lettres que j'ai l'honneur de vous envoïer. J'ai pris la liberté de vous les adresser, à vous, Monsieur, qui aimez la vérité et qui conservez quelques scrupules. Ce n'est point seulement un prétexte pour répondre aux critiques et aux objections, je désire encore de dissiper vos doutes. Ces Lettres ont été dictées par le motif naturel et vrai de ramener un grand homme à mon opinion, et de la consacrer par son suffrage. J'ai placé à la tête de ces opuscules les Lettres que vous m'avez écrites, comme on ajoute une belle façade à un édifice public, où l'on veut inviter d'entrer. Daignez donc agréer, Monsieur, cette espèce de dédicace, comme une marque de l'admiration et du respect avec lequel je suis
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur
Bailly de l'Académie des Sciences, aux Galleries du Louvre
Paris ce 22 février 1777
Pardonnez, Monsieur, si vous trouvez des points aulieu de quelques phrases retranchées dans vos Lettres; mais les Censeurs de Paris ont beaucoup moins de religion et d'humanité que le feu Pape Ganganelli. Ils pratiquent avec barbarie la castration que le S. P. avoit défendue.