1777-01-27, de Dominique Audibert à Gabriel Cramer.

Mon premier soin, mon cher monsieur, même avant d'admirer la statue de m. de Voltaire, est de vous témoigner tout le prix dont elle est pour moi en la devant à vos bontés.
Je vois que les absents n'ont jamais tort avec vous et que vous savez toujours vous rappeler à eux comme s'il en était besoin, par ce qui peut leur plaire davantage. Vous me faites oublier de m'excuser sur mon indiscrétion de vous avoir donné tant de soins pour me satisfaire; je suis tout entier à la reconnaissance que je vous en dois et c'est de tous les sentiments dont je suis depuis longtemps pénétré pour vous celui que je voudrais le moins vous laisser supposer. Cette commission a été si bien faite que la statue m'est arrivée comme si elle sortait des mains de l'artiste; c'est de toutes celles que j'ai vues la mieux finie, la plus parfaite; la ressemblance est on ne peut pas plus vraie et par conséquent plus intéressante pour tous ceux qui comme moi sont pleins d'enthousiasme et d'admiration pour cet homme immortel. C'est Homère de la main de Praxitèle; il respire dans ce marbre comme dans ses ouvrages….