1776-07-01, de Anne Madeleine Louise de La Tour Du Pin, baronne d'Argental à Voltaire [François Marie Arouet].

Très adorable patron, j'ai retardé de répondre à votre dernière lettre parce que je suis occupée de la négociation dans laquelle m. D'Argental a échoué auprès de m. le maréchal de Duras, pour le congé de le Kain.
Le motif de son refus était que la reine s'y opposait parce qu'elle avait du plaisir à l'entendre et à l'entendre souvent. J'ai pris le parti de faire négocier auprès d'elle. C'est une charmante princesse qui s'en est chargée. La reine a répondu d'abord avec sa bonté et ses grâces ordinaires. Elle a demandé si véritablement c'était vous qui désiriez d'avoir le Kain, qu'elle ne pouvait faire le sacrifice de son plaisir plaisir qu'au vôtre. On n'a pu lui donner que des témoignages verbaux. Il serait nécessaire que vous écrivissiez un mot à made la princesse d'Henin, qui confirmât vos désirs, et qui contiendrait un hommage pour la reine. J'imagine que c'est une occasion favorable dont vous serez très aise de profiter. Votre galanterie aura de quoi s'exercer sur les agréments et les qualités de la reine qui joint à la figure la plus aimable des qualités rares et désirables dans les souverains, bienfaisance et sensibilité. Et votre négociatrice la princesse d'Henin est une des plus jolies femmes que nous ayons. Elle a de plus du goût et de l'esprit. Elle a mis infiniment de zèle dans sa médiation, cela mérite un petit remerciement. Votre lettre sera lue sur le champ à la reine et le congé de le Kain sera expédié le lendemain.

Je n'ai que le temps de vous rendre compte aujourd'hui de cette affaire. Sur toutes les autres soyez tranquille. M. de Cluni fera sûrement ce qui vous sera agréable. M. d'Ogni veut bien se charger d'une lettre qui contient une médaille d'or, que m. de Stroganof m'a fait remettre &a.