5e 8bre 1772
Mon cher ange je suis bien malingre, cependant je vous écris de ma très faible main.
Dès que je reçus votre lettre et celle pour le Kain, je lui envoiai sur le champ votre dépêche à Lyon, je lui écrivis, partez dans l’instant.
Le lendemain je reçus les lettres de Mr le maréchal de Richelieu, et de Monsieur le Duc de Duras. J’envoiai à le Kain la lettre de mr le duc de Duras, et je réitérai mes instances. Il doit être parti aujourdui quatre septb, s’il est sage et honnête comme je crois qu’il l’est.
Monsieur le ma͞l de Richelieu me mande qu’il le fera mettre en prison, s’il n’est pas à Paris le quatre. Cela ne me paraît ni d’un bon compte, ni d’une exacte justice. Vous m’aviez toujours mandé qu’il pouvait arriver le 8 et qu’on serait content, or il est certain qu’il peut aisément être à Paris le 8.
Il vous apportera le code Minos que je lui donnai quand il partit de Ferney. Je suis fâché que madame la comtesse du Barri n’ait pas la bonne leçon, car j’entends dire qu’elle a beaucoup de goust et d’esprit naturel. Vous devez le savoir mieux que moy vous qui allez nécessairement à la cour.
En attendant que le Kain vous ait remis cette dernière copie voicy pour vous amuser l’épitre à Horace. Je vous supplie de n’en laisser prendre de copie à personne. C’est jusqu’àprésent un secret entre Horace et vous. Je ne vous parle point des barbaries de notre théâtre vandale et anglais. Je gémis et je vous implore.
V.