23e 8bre 1772
Cette épitre à Horace, ma chère philosophe, n’est ni finie, ni montrable.
Elle me ferait mille fois plus de tracasseries que les épîtres de st Paul. Il faut attendre du moins que les loix de Minos aient essuié le premier feu de la cabale. J’ai parlé à Horace avec la liberté qu’on avait chez Mécénas, mais les Mécénas d’aujourd’hui pouraient trouver ma liberté très insolente. C’est déjà une grande folie à mon âge de faire des vers, c’en serait une plus grande de les faire courir. Mr D’Argental n’a qu’une ébauche d’une partie de cette épitre. J’ai été obligé de le consulter sur certaines convenances, au fait desquelles il est plus que personne, mais il s’en faut beaucoup que la pièce soit achevée.
Recevez mes très justes excuses, vous et vôtre prophête. Encor une fois ce petit ouvrage tel qu’il est, est très indigne de vous. Vous l’aurez quand j’aurai la vanité de croire vous plaire, et quand je pourai croire qu’il ne déplaira pas à des personnes qu’il faut ménager.
Mille tendres respects.
V.